HISTOIRE DE L’ATELIER CERAMIQUE DE L’IILE
Février 1958, le commandant Le Roch, alors directeur de l’Institution des Invalides de la Légion Etrangère (IILE), accueille monsieur Guy Paris, diplômé de l’école des Beaux-Arts de Marseille, qui termine son service militaire en Algérie.
«Aujourd’hui (dit le commandant), emménagez dans la chambre que l’on vous a allouée au premier étage, visitez l’atelier, faites-moi un rapport sur vos besoins ; sachez qu’ici ce qui importe le plus c’est le bien des pensionnaires, nous ne sommes pas ici pour faire du chiffre d’affaires mais pour redonner le moral à des gens qui ont été cassés par la vie, souvent avant la légion, et qui ont été ensuite blessés et traumatisés par la guerre ».
L’entrée du domaine Le château du domaine
« L’atelier » se trouve au château, dans l’ancienne huilerie où l’actuel bureau de comptabilité. L’inventaire est rapide : un grand four de ¾ de mètre cube, une table de coulage de 6m environ et une étagère en bois. Le personnel est composé de quatre pensionnaires dont l’un était appareillé d’une jambe, un autre n’avait qu’un bras et les deux autres semblent complets. « L’ordre est donné, la mission doit être exécutée. »
1961, soit trois ans plus tard, l’atelier compte quinze pensionnaires et sa production augmentant, les locaux deviennent trop petit. Le commandant Mattei, directeur du moment, décide de faire tomber les cloisons et d’agrandir les locaux au détriment du fourrier, de la popote des caporaux-chefs, de la popote cadre et de son propre bureau. C’est l’époque ou la faïencerie Provençale est au zénith et l’atelier de la légion n’est pas en reste.
1974, les pensionnaires sont à nouveau à l’étroit dans cet espace. Le commandement programme la construction d’un atelier hors du château, à partir d’une base existante. Il sera inauguré en 1975, c’est l’emplacement actuel. La production prospère considérablement avec un effectif qui oscillera entre quinze et plus de trente pensionnaires.
Octobre 1982, à la XVI° exposition nationale du travail « les meilleurs ouvriers de France » en présence du président de la république, Monsieur Guy Paris remporte le titre national du « Meilleur Ouvrier de France » en classe Faïencerie. Quelques années plus tard une composante sérigraphie s’ajoute à l’atelier.
Au début des années 90, avec la « mondialisation », la faïence chinoise à bas cout détruit peu à peu un très grand nombre de faïenceries en Provence. L’atelier résiste relativement bien mais doit penser à une nouvelle voie pour survivre.
En 1997, Guy Paris songe à prendre sa retraite, le capitaine(te) Louis Perez y Cid tout frais retraité de la légion est prévu pour lui succéder. Dans sa jeunesse, Louis Perez y Cid a étudié aux Beaux-Arts de Strasbourg, sans terminer sa formation pour cause d’engagement à la légion étrangère. Dessinateur et peintre confirmé, il est formé sur la céramique durant deux ans par Monsieur Guy Paris qui quitte l’IILE en 2000, après plus de quarante ans au service de l’institution.
Au début des années 2000, une énorme restructuration du FELE touche toutes ses composantes. Certaines disparaissent d’autres se restructurent en profondeur comme l’IILE, et évidement les ateliers suivent le mouvement. Deux en survivent, la reliure et la céramique. L’atelier céramique devra fonctionner avec un stock zéro et pour cela ne fabriquer que sur commande.
Aujourd’hui l’atelier oscille sur un effectif de 10 à 16 pensionnaires en partie polyvalents. La production vient de quatre parties distinctes.
- La faïencerie fabrique des objets spécifiquement légion et certaines commandes particulières.
- La vaisselle est majoritairement en porcelaine. Elle est commandée à une entreprise française et personnalisée dans notre atelier avec les chromos fabriqués dans l’espace sérigraphie.
- Le transfert par sublimation. Espace moderne, uniquement fait pour des objets personnalisés en céramique et textile.
- La création artistique de pièces souvent uniques ; modelage d’argile ou sculpture sur pierre de personnages ou d’insignes, mais également de fresques peintes à l’émail sur carreaux puis cuitent, de mosaïques et de fresques murale ou de trompes –l’œil peints à l’acrylique.